Il y a quelques jours, j’ai rencontré un ami, ancien collègue de pédopsychiatrie, psychologue dorénavant (auparavant psychomotricien). Evidemment, je me la suis ramenée, je lui ai dit que j’avais écrit un livre durant le premier confinement où je racontais un peu mon quotidien en essayant d’être drôle mais aussi où je tentais de relater le témoignage d’amies professionnelles de santé, les orthophonistes avec la découverte de la consultation en visio, les infirmières libérales comme salariées ; le témoignage de mes amies instits….
Le copain me dit : « non mais attends, nous, à l’hôpital, on a fait un recueil de paroles de soignants ! »
Il m’a gentiment donné un exemplaire de ce recueil que j’ai lu durant le week-end. J’ai beaucoup pleuré aussi.
Ce recueil a été possible sur la proposition des psychologues de l’Unité Mobile Psycho-Trauma et avec le soutien de la Direction Communication du GHH. Il est paru, je pense, à la fin du premier confinement.
Aujourd’hui, j’ai envie de parler de ma lecture après en avoir demandé l’autorisation.
Des psychologues de l’hôpital sont allés à la rencontre des soignants au moment de la première grande vague du Covid. Certains soignants ont écrit dans ce recueil ainsi que des psychologues.
Ca m’a bouleversée. Je me doutais, j’imaginais, j’intellectualisais ce qui se passait dans les services Covid. J’ai écrit même. J’ai pensé à tous ces gens (soignants, patients), il m’est même arrivé d’applaudir le soir à 20h. Tout ça était une vue de l’esprit, une mentalisation mais là, j’ai lu et je me suis pris la réalité en pleine face. Dans ces témoignages, j’ai véritablement senti leurs angoisses face à ce virus inconnu, invisible et dévastateur. La peur d’être contaminé, la peur de contaminer les proches. Cette peur présente et malgré tout une assiduité sans faille, sans compter les heures au travail. Dans des conditions extrêmement difficiles. Ce qui m’a le plus touchée, c’est le rapport humain que les soignants n’ont pas pu avoir avec leurs patients malades et mourants parfois ce qui les a mis tellement mal. Agir toujours dans l’urgence, habillés en cosmonaute, impuissants. Face à des patients isolés de leur famille, tellement seuls. Ces soignants qui se sont décarcassés pour leur apporter un minimum de consolation, d’aide, d’apaisement et qui ont prêté leur téléphone pour que ces malades puissent parler à leur famille.
Ce qui revient aussi beaucoup c’est le réconfort d’avoir enfin été reconnus par la population et nos dirigeants à la tête du pays. La population qui les applaudissait. Les dirigeants qui disaient avoir enfin compris et promettant que les choses allaient changer.
Je le rappelle, ce recueil est sorti au lendemain du premier confinement.
Je me souviens que dès les premiers jours du déconfinement, il y a eu un rassemblement devant l’hôtel de ville pour réaffirmer le soutien aux professionnels de santé. Alors, comment dire ? Il est plus facile de taper dans ses mains que de se déplacer même en voiture. Ca doit être une question de motricité, sans doute !!!
Donc mes amis, professionnels de santé, vous repasserez pour le soutien de la population (qui n’a pas encore compris que la Santé, c’est vraiment une affaire de tous !).
Oh et puis, vous repasserez aussi pour la reconnaissance de nos dirigeants.
Tout cet argent magique, ce flot déversé qu’il va falloir rembourser, c’est au service public qu’on va demander de faire des économies. Vous, soignants, vous avez une capacité de travail énorme, alors, vous pouvez bien encore un petit peu vous sacrifier.
Merci à vous pour votre dévouement sans relâche.
