Il y a une semaine ou deux, je racontais que j’étais un peu stressée parce que je devais être interviewée en direct sur une radio avec Jak mais en fait surtout parce que mon grand, Théo était sélectionné à l’oral pour la passerelle en 2e année de médecine.
Il a passé l’oral. Ils devaient en retenir 8.
Théo devait avoir les résultats hier par courrier postal en recommandé. Hier, rien. Il paraît qu’il y a des grèves à la poste. L’angoisse.
Jak travaille au-dessus de mon bureau, avec le téléphone à portée de main. Aujourd’hui, j’ai passé ma matinée à écouter, à repérer tous les bruits : ah, il bouge sa chaise, c’est qu’il doit répondre au téléphone…
Ce midi, on mange dehors, le téléphone sur la table. Je remonte à la cuisine pour prendre mon café. Et…. Le téléphone sonne dans le jardin.
Mon petit est reçu en 2e année de médecine !!!!
Je vais vous dire un peu son parcours.
Aujourd’hui, c’est un p’tit gars de bientôt 27 ans. A sa naissance, il a passé 5 jours en néonat. 5 jours, c’est rien dans une vie. Il n’y avait rien de grave pour finir. Mais il avait des tuyaux partout, je n’ai pas pu le voir pendant 24h, ni l’allaiter. Pendant les 5 jours, j’ai tiré mon lait. Bref, tout est rentré dans l’ordre, assez vite mais ça reste un trauma (au moins pour moi).
Sa scolarité ? Correcte. Je pense qu’il doutait de lui et qu’il ne savait pas aborder l’effort. C’était toujours la faute des autres… Cependant, c’était un petit gars gentil, planeur. Qui ne posait pas de problèmes.
Jak a été malade, plusieurs fois et gravement. Théo a semblé vivre ça plutôt cool (son frère demandait beaucoup d’attention à l’époque alors on ne s’est pas trop préoccupé de Théo). A cette époque, il avait 12 puis 14 ans. En fait à ces âges-là, ça s’est un peu compliqué pour lui. Rien de méchant. Mais scolairement, il a lâché un peu et il s’est fait saquer par l’école (privée qui faisait collège et lycée). Ni les profs, ni nous n’avons fait de rapprochement entre les maladies de son père et son relâchement. Il voulait faire S et il s’est retrouvé en L. Il a eu son bac sans se fouler. Il a voulu faire psycho. Je me disais : oh là, là ! Lui, à la fac, dans une autre ville ?! Mais comment va-t-il faire ? Lui si désorganisé.
Je lui disais : tu sais la sélection se fait entre le M1 et le M2 (à l’époque, c’était comme ça) et c’est dès la première année de licence que tu dois avoir des bonnes notes.
T’as qu’à croire ! Chaque année, il augmentait légèrement sa moyenne. Et puis en M1, il a cartonné, il a fait un super mémoire, vachement bien pensé, vachement bien écrit. Et à la fin de son M2, il a même fini major de sa promo.
Il vit à Nantes avec sa fiancée mais il n’a pas trouvé de boulot de psychologue clinicien à Nantes. Je lui ai dit de chercher dans les villes où il pouvait être hébergé. Il a trouvé un mi-temps au Havre puis un mi-temps à la Salpêtrière à Paris (la classe, le prestige). Il a fini par trouver un autre mi-temps à Paris et a laissé tomber Le Havre. En plus, on lui a demandé de donner des cours sur Caen et à la fac de Lyon (en visio) et des cours sur Versailles. Enfin, bref, il n’arrêtait pas. Je le trouvais très courageux.
Son grand regret, c’était de n’avoir pas suffisamment bien bossé au lycée pour faire S et ensuite médecine pour être psychiatre.
Bah, voilà, il entre en 2e année de médecine. Le chemin va être long encore et difficile mais c’est super. Il va enfin pouvoir vivre avec sa fiancée à Nantes.
Je suis si fière de lui. C’est sûr. Mais c’est aussi pour vous dire que le chemin n’est pas tout droit et simple et que nos petits grandissent et nous réservent des surprises extraordinaires.
Et je vais peut-être enfin pouvoir dormir.