La psychanalyse comme une forme de pensée, de réflexion. Pensées, réflexions sur la société d’aujourd’hui.
Pour moi, c’est fabuleux.
Je parlais au début de grand Autre, de symbolique, de réel et d’imaginaire. De cette place de Sujet.
Aujourd’hui, le Sujet est mis à mal complètement. L’individu est là, bien présent, on lui fait croire que s’il se démène, s’il apprend bien, s’il se conforme bien, il va gagner sa place dans la société. Mais le Sujet ?
Le Sujet n’a plus sa place. Surtout ne plus faire penser les gens. On les abreuve, on leur balance des informations catégoriques qui ne souffrent pas de contradiction, «on» étant notamment toutes ces chaînes d’informations en continu.
J’ai vu, j’ai entendu ces dernières années en pédopsychiatrie, au cours d’une réunion à propos d’un enfant, un cadre ou un médecin chef dire à un infirmier psy qui émettait un avis sur le patient, qui faisait une proposition de soin : euh, toi, on ne te demande pas de penser, si tu n’es pas content, tu changes de service !
J’ai vu, entendu aussi, il y a quelques années quand j’étais parent d’élève à l’école maternelle de mes enfants, une polémique à propos du goûter proposé à la mi-matinée par l’école aux enfants. Le petit goûter était proposé car des enfants ne déjeunaient pas le matin chez eux, peut-être qu’ils n’avaient pas faim, peut-être que les parents n’avaient pas le temps de les nourrir, peut-être que les parents n’avaient pas d’argent, peu importe. Puis, on s’est rendu compte au niveau national, qu’il y avait de plus en plus d’enfants en surpoids alors nouvelle politique imposée par l’éducation nationale : terminé le petit goûter !
A la réunion, instits-parents, il y a eu débat : accepte-t-on que les enfants qui n’ont pas déjeuné chez eux puissent amener un petit goûter pour le prendre à la récré ?
Eh bien, non parce que vous comprenez, moi, mon fils qui a déjeuné chez lui ne va pas comprendre que son copain puisse avoir un biscuit et pas lui à la récré !!!
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Et les mots n’existent pas ? Ça ne peut pas s’expliquer ? Ton enfant, tu ne peux pas le confronter au manque, à la frustration ? Il n’est jamais confronté au manque, à la frustration ?
La psychanalyse a à voir avec le langage, les mots. Je trouve que les mots ont perdu tout leur pouvoir parce qu’on est dans une société de l’Image.
Je reviens toujours à ce souvenir : des soldats américains qui avaient torturé des prisonniers irakiens, des faits qui avaient été dénoncés par des rapports écrits, rapports qui n’avaient eu aucun effet. L’effet, l’arrestation de ces soldats étaient arrivés quand les images sont apparues. Pourtant les mots les avaient précédées.
On est dans l’image, on n’est plus dans le symbolique.
Quand on utilise des mots et que les actes sont en totale opposition, tout ceci rend fou, annihile le Sujet, le Sujet meurt et ne réagit plus : on le voit chez ces femmes battues, par exemple.
On le voit dans certains discours politiques de nos dirigeants qui sont en contradiction avec leurs actes.
Le grand Autre, je disais qu’il n’existait pas. Cependant, on en a besoin d’un pour tenir, se construire. On a besoin de quelqu’un qui nous montre le chemin pour nous rassurer. Aujourd’hui, la société n’est absolument pas rassurante, elle est très anxiogène et amène des dérives terribles. Elle abandonne une part de sa population toujours pour faire des économies.
Je disais qu’auparavant l’instituteur n’était pas remis en question : il punissait ; les parents acceptaient la punition. Bien sûr, il y avait des abus.
Aujourd’hui, le parent peut décider de la vie ou de la mort d’un professeur. Bien sûr, j’exagère. Mais entre ces deux extrémités, l’institution (l’Education Nationale qui devrait faire office de grand Autre) s’est délitée, a lâchement abandonné ses instits, ses profs, elle ne les soutient pas quand il y a de gros problèmes de comportement de la part des élèves ou des parents. Surtout ne pas faire de vague, surtout ne pas prendre ses responsabilités.
Ça aussi, ça rend fou.
Je pourrais en parler pendant des heures, développer encore et encore. Et aller plus loin.
Voilà, la psychanalyse m’a apporté cette vision, cette réflexion, cette analyse. Il y a d’autres moyens, d’autres lectures pour réfléchir, avoir une opinion.
Merci à ma copine psychanalyste avec qui j’échange, discute, rigole, extrapole et délire parfois, dans un coin de mon jardin (mon séminaire) en buvant une tasse de thé.
Et bien sûr, la psychanalyse n’est pas une fin en soi ; il y a des tas de possibilités en matière de thérapie, en matière de soins.
Je ne peux que partager ce constat. Ce n’est pas tant que les mots n existent plus, que le fait qu’on leur ôte, sans y réfléchir, tout pouvoir dans leur dimension symbolique. A la fois par cet avènement de l’image en tant que médium prépondérant de la communication, mais aussi par souci d’égalitarisme aigu, qui tend à vouloir gommer toutes les différences et donc toutes les frustrations qui en découlent.
L angoisse de choquer, de déranger, de blesser, stigmatiser tout un chacun dans sa singularité. Ce besoin de reconnaissance de son individualité tend à l excès risible. Plus de cadeau de fêtes des meres/pères pour ne pas froisser le p’tit camarade qui n en aurait pas. On préfère camoufler plutôt qu’ expliquer l’injustice. Parent 1 et parent 2 plutôt que père et mère dans les documents…il ne faudrait pas risquer d’être accusé d homophobie, de transphobie, ou de reac’ en prônant un modèle familial jugé traditionaliste…(bien qu encore relativement normatif). Voici venir les repas végétariens a la cantine également. On adapte la société pour les minorités de toutes sortes. Charge à la majorité de suivre, au risque d’être taxée d intolérante. Les délires de lobbies féministes et non genrés radicaux frisent le ridicule. Les combats se portent justement sur les mots, comme s ils étaient une fin en soi pour supprimer toute discrimination. Ainsi, après cette merde d ecriture inclusive (qui exclut pourtant les dyslexiques), la feminisation des mots (autrice au lieu d auteur(e) par exemple), les attaques se font sur la question du genre. Certains ont vu récemment leurs requêtes aboutir en justice (pays anglosaxons) pour que certaines dénominations soient modifiées. Ainsi il ne faudrait plus dire lait maternel…mais lait d humain par exemple. La non binarité de genre…Un nouveau concept qui, sous couvert de tolérance, alimente la division. Le monde devient fou parce qu’à prôner sans concession l’égalité des différences et la non-discrimination, plutôt qu’une certaine équité, on en vient de facon paradoxale à tout vouloir uniformiser. Est ce la la meilleure facon de respecter la difference? Assurement non. Le monde est injuste et inegalitaire par essence. Il a besoin de hierarchie. S il faut tendre vers plus de justice, rendre pareil pour eviter la frustration ou le trauma est un leurre ideologique. Combattre le racisme, ce n est pas ne plus voir les couleurs. C’est au contraire les prendre en considération dans ce que cette condition amène comme problème et souffrance. Bref, on a pris le mauvais chemin…,celui de la verite plutot que du doute, celui du pseudo bon sens commun plutot que de la théorie, celui de l idéologie plutôt que de la pensée, dont se réclame la psychanalyse, entre autres courants. Sauf que l évidence empêche l’elaboration, puisqu il n y a rien a remettre en question dans la certitude. Prochain sujet d écriture en tout cas,
merci 😉
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