La chaussure

Il était une fois un grand p’tit gars de 18 ans qui vivait chez sa toute petite grand-mère de 76 ans dans une grande maison. Elle, elle vivait plutôt au rez-de-chaussée, avec sa chienne docile à l’allure de princesse. Toujours mille choses à faire, toujours un café à offrir aux copines. Autour de la table de cuisine, des patatis et des patatas, les journées s’écoulent.
Tandis que lui, vivait à l’étage. Enfin….. Debout 6h du mat’ pour prendre le RER, retour vers 20h.
Dîner dans la cuisine, tous les deux, vite fait parce que le petit a des devoirs. Tout est prêt à son arrivée, menus variés et succulents, il se régale. Lui n’est pas causant, elle n’est pas intrusive. De quoi parlent-ils, personne ne le sait.
Très vite, le petiot quitte la table et gagne sa chambre, ses pinceaux, crayons, ciseaux et cutter.  Réalise projets en tout genre dans le silence de la nuit pendant que mamie dort et ronfle (il ne faut pas se leurrer). Il peint, coupe, découpe et met en scène à travers les nuits qui passent.
Le week-end arrive et laisse un peu de répit au tout petit. A peine. A peine. L’occasion de finaliser le projet. C’est une histoire de chaussure, enfin peut-être. Une chose est certaine, c’est qu’il faut animer quelque chose, la chaussure peut-être ? Il faut du mouvement, c’est sûr. Cependant le petit ne peut pas être acteur du mouvement et immortaliser ce mouvement en même temps, non, ce n’est pas possible. Bah, pas de souci, il y a toujours une solution au problème. Le dimanche, mamie est embauchée, elle participe. C’est elle qui est chargée de prendre les photos avec le téléphone portable du petit bien qu’elle soit un peu dépassée par les nouvelles technologies, elle répond présente. Et elle fait ce que le petit demande. Quand il faut prendre une photo en contre-plongée, elle ne rechigne pas, elle est là, à quatre pattes dans le jardin ; quand la chaussure tombe dans la poubelle, elle est toujours là, sans l’ombre d’une hésitation, la tête presque dedans. Et elle mitraille.
Et quand le cutter agresse le petit à 1h du matin, coupe et sectionne le tendon du pouce, là-haut, tout là-haut, dans sa chambre, seul, dans cette nuit silencieuse, elle est là qui se réveille, monte, surmonte sa peur du sang, appelle les pompiers. Et quand le lendemain, il doit se faire opérer, elle est toujours là, auprès de lui dans la chambre d’hôpital.
Et le petit qui lui dit : t’inquiète pas, mamie, ça va, ça va aller.

Vous voulez que je vous dise un truc ? Non, deux trucs. J’ai une mère formidable. Et je suis très heureuse que l’un de mes fils puisse partager ces moments extraordinaires avec sa grand-mère, c’est inestimable. Un dernier : j’ai un fils très talentueux et courageux aussi.

Peinture d’Hugo Lemonnier – La chaussure dans tous ces états.

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