Vendredi, je vous ai dit que j’avais eu deux cadeaux ce jour-là sans sortir de chez moi, par deux inconnues.
Je vous ai raconté le premier cadeau, ce si joli retour de mon livre « Mémoires de Guerre ».
Et aujourd’hui, je vais vous raconter le second. Le second est fabuleux.
Tout a commencé, le lundi, je reçois un message de M., une amie orthophoniste : Coucou Martine, est-ce que tu serais disponible, vendredi vers 10h. J’ai fini ton livre et j’ai pensé à une petite surprise pour toi en le terminant. Disponible = pas loin de ton téléphone.
Je veux lui répondre : vendredi prochain ? 10h ? Ok mais c’est dans longteeeeeemps !
Et là, mon téléphone, ce rebelle écrit : …. Ok mais c’est dans l’intéressement !
Rhaaaa.
Je corrige. Ma copine me demande mon adresse mail. Bon, ok. C’est une surprise alors je ne cherche pas à savoir.
Vendredi matin, 10h.
???
J’envoie un message à ma copine : est-ce que je dois te téléphoner ou c’est toi qui appelles ?
A peine mon message envoyé, 10h08, mon téléphone sonne. Numéro privé. Habituellement, je ne réponds pas cependant je me dis que ça doit être en rapport avec ma surprise.
- Allo, Martine ? Bonjour, je suis S.C, docteure en poésie.
Elle m’explique qu’elle appartient à la troupe du Théâtre de la Ville à Paris. Qui mène un projet. Si j’ai bien compris, les acteurs devaient aborder les gens dans la rue, le métro pour leur offrir un moment de poésie. L’époque étant très difficile pour faire du lien social, les acteurs appellent des gens pour continuer à établir ce lien.
Avant de me lire un poème, S.C m’a posé quelques questions pour pouvoir choisir le ou les poème(s) qui me conviendrai(ent) le mieux.
En réponses à ses questions, j’ai pu raconter le lien que j’avais avec M. (ma généreuse bienfaitrice), je lui ai parlé évidemment de mon livre, de ma relation à la poésie (toute petite relation).
Elle me dit : est-ce que vous pourriez me parler d’un moment poétique ?
Au moment où elle me dit ça, j’aperçois deux pies sur les branches d’un bouleau dénudé, en face de chez moi, dans le parc de la mairie, elles se chamaillent, c’est beau. Je lui relate en lui demandant si ça, c’est de la poésie, c’est poétique. Personnellement, je pense que ça en est.
Ensuite, elle me demande si j’ai un mot que je trouve poétique.
Elle m’a pris de court. Alors, là ? Pfff.
L’entretien ne pouvait pas s’éterniser, alors j’ai balancé : ciel.
Bof ! C’est nul.
Après plus intéressant : le mot que vous détestez !
Rhooo, le mot qui m’est venu tout de suite, c’est Macron !!!!!!
Pas de polémique, pas de polémique, j’ai décidé de rester sobre, je me suis auto-censurée, j’ai répondu : capitalisme.
Bref, après ça, S.C m’a lu 3 poèmes magnifiques :
Ma force de Cécile Coulon (Les ronces – 2018)
L’inattendu de Philippe Jacottet (Poésies (1946 – 1967)
La vie profonde d’Anna de Noailles (Le Cœur Innombrable – 1901)
Aujourd’hui, j’ai reçu mon ordonnance qui conclut par : choisir le poème que vous voulez garder pour vous pour accompagner les pies qui se chamaillent…
C’est magnifique, non ? Je suis toute retournée !!!!
Un très grand merci à M. pour cette merveilleuse idée. Un très grand merci à S.C pour sa gentillesse, pour cet échange si doux, si serein. Un très grand merci au théâtre de la ville.
J’ai réalisé à la fin de l’entretien que dans mon livre « Mémoires de Guerre », je racontais que presque chaque matin, du confinement, je me lisais un poème. J’avais oublié.
Il va falloir que je reprenne mes lectures poétiques, ça fait un bien fou. Un peu comme prendre le temps de se poser, de respirer.
En fait, au travers de cette belle aventure, je persiste à penser que le lien, l’échange, le respect, l’écoute, la culture, la lecture sont les solutions pour aller mieux et nous sauver de la barbarie. Au moins pour nous évader un petit temps de ce monde si anxiogène.