Hier, les soignants travaillant en milieu hospitalier manifestaient.
Nous savons tous que l’état a décidé de détruire le service public au détriment de la santé, de l’éducation des gens.
A l’occasion d’un audit, on nous avait expliqué, à nous, soignants que le but de notre travail était de soigner les gens ; nous avions été formés, « conditionnés » pour ça. On s’en doutait un p’tit peu. Le problème étant que nous ne pouvions pas répondre à toutes les demandes et de ce fait, ça nous créait du stress puisque nous ne pouvions pas remplir correctement notre mission et que malgré tout, nous faisions tout et même au delà pour pallier le manque d’effectif, le manque d’outils afin de soigner au mieux nos patients.
C’est à ce moment-là que j’ai compris que dans les hautes sphères décisionnaires et financières, ils avaient repéré ce phénomène bien avant moi, bien avant nous. Ils savaient depuis longtemps que les soignants se dépouilleraient pour apporter du soin aux gens. Ils ont profité de cette aubaine pour diminuer les effectifs, faire des économies, toujours plus d’économies.
J’ai souvent entendu dire que l’hôpital ne tient que grâce au dévouement sans faille des soignants. Ca craque de partout. Les soignants vont mal.
Un hôpital, quelque part en France. Ca peut être n’importe où. N’importe quel service. Non pas n’importe quel service, les services de soins palliatifs, de réa, de cardio ne sont pas concernés, enfin….. J’espère.
Un bandeau s’affiche parfois, souvent même, sur l’ordinateur, dans le bureau des secrétaires, le bureau d’un cadre, peu importe. Le bandeau informe qu’il n’y a plus de lits disponibles dans un des services alors pour gérer le flux, l’arrivée de nouveaux patients, on demande aux services, aux soignants de faciliter la sortie des moins malades pour accueillir les nouveaux.
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Drôle de conception du soin, non ?
Parce qu’à la base, si la personne est en chambre à l’hôpital, c’est bien pour être soignée, non ? Elle n’y reste pas pour y passer ses vacances, si ?
Evidemment, il n’est pas écrit de sortir les moins malades, non, c’est dit proprement mais c’est dit. Et on reste propre jusqu’au bout puisqu’on termine insidieusement par : « vous remerciant pour votre professionnalisme, votre implication et votre compréhension. »
Cette phrase résume à elle toute seule la considération qu’a la sphère dirigeante, des soignants. On dénature leurs compétences et on leur demande d’être complices et de prendre leur part de responsabilité dans ce choix détestable, ignoble de dégager les malades.
Comment un soignant peut-il aller bien après ça ?
C’est juste pervers comme système.