C’était en 2015. Les vacances de Pâques. Je passais quelques jours chez ma mère tandis que mon petit dernier, Louenn était resté à la maison avec son père. Il préparait son bac S. Il préparait son bac et il avait des devoirs maison à faire dans presque toutes les matières. Il a passé ses vacances à bosser. Bosser, bosser. Un jour, son pote Idir est venu réviser avec lui. Et puis, pour se détendre, le soir, ils sont partis chez un autre copain, pas très loin dans le quartier pour aller regarder un match de NBA. Les matchs de NBA sont toujours très tard.
Ensuite, ils sont revenus tranquillous dans les rues désertes du quartier vers 5h du matin. Tranquillous.
A 100 mètres de chez nous, dans une toute petite maison, il y avait une fête. Je ne sais pas ce qui est passé par la tête de Louenn, il a ouvert la porte de cette maison. Comme ça, pour rire.
Il a peut-être dit : c’est pas fini ce boucan ?!
Je ne sais pas s’il l’a dit mais c’était le genre de blague qu’il pouvait dire. Il aurait pu.
Et ils ont continué leur chemin. Enfin, ils ont fait 3 pas. Parce que les gens sont sortis. D’abord la femme avec un test de grossesse à la main en les engueulant, en leur disant qu’elle était enceinte et qu’ils lui avaient fait peur. Son mec et ses amis sont sortis en chaussettes et ont chopé Idir ! Oh un arabe ! La belle aubaine !
Ils lui ont cassé la figure, à plusieurs. Louenn est revenu chercher Idir. Ils ont renversé mon p’tit gars, lui ont volé sa carte d’identité et son portable. En tombant, il s’est écorché la main.
Louenn ne voulait pas porter plainte. Idir encore moins parce qu’il n’avait pas le droit de sortir !
Nous avons obligé notre petit à porter plainte.
Alors, la policière qui a pris sa plainte l’a pris de haut : puisqu’Idir voulait rester anonyme et ne pas porter plainte, elle ne pouvait pas écrire qu’ils étaient deux à s’être fait agresser, comme il n’avait pas le numéro d’identification du téléphone, elle ne pouvait pas écrire qu’on lui avait volé son téléphone et comme il n’avait pas vu de médecin pour faire constater sa petite blessure à la main, elle ne pouvait pas écrire qu’il était blessé. Et elle l’a pris pour un voyou.
Mon fils a été convoqué au commissariat trois semaines plus tard. En fait, quand la police s’est occupée de l’affaire, elle a convoqué l’homme et la femme habitant dans la maison. Ces gens-là ne se sont pas démontés, ils sont arrivés avec la carte d’identité de mon fils et ont porté plainte contre lui pour violation de domicile. Et parce que cet incident avait provoqué à la dame une fausse couche !!!!!!!!
Et le téléphone ? Ah ça, ils n’étaient pas au courant, mon fils avait dû se faire agresser un peu plus loin par des sales types mais eux, vraiment n’étaient pas au courant.
J’ai appelé le commissariat, j’ai eu la policière qui était chargée du dossier. Elle aussi doutait de mon fils. Bah quoi, c’est un p’tit jeune. Elle m’a dit : je ne peux rien vous dire encore, j’ai des témoins à entendre.
Des témoins ? C’était forcément des témoins du côté des agresseurs.
Après que la policière ait rencontré les témoins, elle m’a dit, elle nous a dit, à Louenn et à moi : ne vous inquiétez, l’affaire est classée.
Forcément leur plainte ne tenait pas debout.
En rentrant, j’ai dit à Louenn : tu comprends pourquoi il fallait porter plainte ? D’abord parce qu’il y avait ta pièce d’identité, ton téléphone et que surtout, nous, parents, on ne peut pas te laisser te faire agresser sans rien dire. Et tu sais, l’affaire est classée mais elle est quelque part. Toi, à priori, tu ne devrais pas faire de conneries dans la vie. Par contre, eux, ils recommenceront, l’affaire ressortira et ils paieront.
J’ai appris hier que le type était en taule pour avoir agressé un handicapé.
Voilà !