Hier, je
suis allée à la manif du 1er mai pour défendre les droits des
travailleurs. J’étais avec mes copines mais je n’ai pas eu trop le temps de
discuter avec elles car je suis tombée sur le père d’un copain de mon fils.
– Pardon, mais vous êtes bien le père de Y ? Je suis la mère de H. Dites,
votre affaire s’est arrangée ?
Bah non, son affaire ne s’est pas arrangée.
Il s’appelle Mohamed (pour une fois, je n’ai
pas changé le prénom parce que son histoire est un peu médiatisée mais sans
doute pas assez), il est né en 1955 ou 1956 en France au temps où l’Algérie
était encore colonie française. Etant né en France, il est donc français.
Son père est arrivé en 1945 sur le territoire français.
Mohamed a des frères et sœurs qui sont nés après 1962 en France, ils sont donc
français aussi. Ils sont nés après l’indépendance de l’Algérie.
Mohamed a des enfants nés en France, ils sont donc français. Logique.
Mohamed a un travail en France, ses enfants font de brillantes études. Normal. Une vie banale comme beaucoup de gens.
Il y a environ
8 ans je crois, il a eu besoin d’un certificat de nationalité. Et là, ça n’a
pas été possible. Après 55 ans de vie en tant que français, après des années où
il s’est conduit en citoyen français en allant voter, en faisant son service
militaire, on lui a dit : terminé ! Vous n’êtes pas français. Vos
parents auraient dû « souscrire à une déclaration recognitive d’une
ordonnance du 21 juillet 1962 ». Du coup, il n’est plus rien. Il n’a plus
le droit de vote, ne peut plus sortir du territoire.
Il demandait juste qu’on lui reconnaisse sa nationalité française qu’il a
toujours eue.
Si j’ai bien compris, ça a été jugé au tribunal de Lille en 2015, il a perdu. Aujourd’hui, 4 ans plus tard, on ne lui a toujours pas reconnu sa nationalité. C’est un imbroglio total. Je crois qu’il en est à faire une demande devant le conseil de l’Europe.
J’imagine que ça doit être terrible d’être nié à ce point. Il se dit dénaturalisé comme s’il avait fait acte de terrorisme.
Suis allée voir sur le site du ministère de l’intérieur qui nous dit : « Une personne française d’origine ne peut pas perdre la nationalité française. »
Alors ?